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Internet : un outil à privilégier pour la santé sexuelle des jeunes HARSAH

Les jeunes HARSAH (hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes) sont bien souvent démunis en ce qui concerne l’accessibilité à l’information liée à la santé sexuelle. Cela peut notamment s’expliquer en raison des modèles généralement hétérosexuels véhiculés par les programmes d’éducation sexuelle en milieu scolaire.

Pour ces jeunes HARSAH, Internet semble constituer un outil efficace pour recueillir des informations favorisant le développement de leur santé sexuelle, et aider à l’adoption de saines pratiques. Il est à noter que la santé sexuelle ne signifie pas uniquement le fait de ne pas contracter d’ITSS (infections transmissibles sexuellement et par le sang), mais constitue également un état physique et psychologique de bien-être relativement à la sexualité.

Face au manque de données concernant l’utilisation d’Internet par les jeunes HARSAH, trois chercheurs de l’Université de l’Illinois à Chicago se sont rendus dans les cliniques de dépistage du VIH afin d’interroger des jeunes  âgés entre 18 et 24 ans. Intitulée : «Internet Use and Sexual Health of Young Men Who Have Sex with Men: A Mixed-Methods Study», cette recherche avait pour but de comprendre dans quelle mesure les comportements des jeunes HARSAH sur Internet étaient reliés positivement ou négativement à leur santé sexuelle. Pour ce faire, ils ont utilisé une méthode mixte, incluant un court questionnaire (items sociodémographiques et comportementaux)  et une entrevue d’une durée d’environ 90 minutes. Cette dernière a été effectuée uniquement auprès des répondants se définissant comme étant homosexuels, bisexuels ou «queers», et  traitait de divers sujets liés à leur attitude et à leur comportement en lien avec Internet et la sexualité.

Le questionnaire, constituant la partie quantitative de l’étude, a été rempli par 656 répondants, dont 329 correspondaient aux critères de sélection. Il a ainsi permis de conclure que les jeunes HARSAH utilisent significativement plus souvent Internet que les autres répondants de la même tranche d’âge, toute orientation sexuelle confondue. En effet, 77% des jeunes HARSAH affirment utiliser internet chaque jour, peu importe leur origine ethnique, comparativement à 60% des autres répondants. Cette tendance s’applique également pour la recherche d’information sur le VIH/SIDA, bien que les jeunes HARSAH de race noire soient moins nombreux à entreprendre des recherches en ligne sur cette question.

Les résultats des entrevues réalisées avec 16 participants montrent tout d’abord qu’Internet permet aux jeunes HARSAH de trouver des informations liées à la santé sexuelle, principalement  en lien avec leurs symptômes et leurs pratiques sexuelles, mais aussi concernant le VIH et les ITSS.  Comme d’autres populations, ils se basent principalement sur les sources des sites consultés et sur la convergence des contenus afin de déterminer la qualité des informations recueillies.

Internet joue aussi un rôle dans le développement de l’identité des jeunes HARSAH. L’outil leur permet de prendre facilement contact avec d’autres personnes de la même orientation sexuelle. Internet semble ainsi faciliter la rencontre de partenaires sexuels, tout en favorisant le développement d’amitiés et l’adhésion à des groupes d’intérêts (les groupes «queer», par exemple).

Quinze répondants sur seize ont affirmé avoir rencontré au moins un partenaire sexuel via les sites de rencontre sur internet durant les trois derniers mois, ce nombre variant entre 0 et 40. Ces communautés homosexuelles virtuelles semblent également constituer un support lors du processus de «coming out». Quatre participants sur seize ont de plus affirmé que l’accès à la pornographie homosexuelle via Internet leur a permis de mieux comprendre et de confirmer leurs préférences sexuelles.

Les entrevues montraient aussi qu’Internet semble faciliter les discussions sur le dépistage et sur la santé sexuelle. La question de la protection est toutefois rarement abordée via Internet. D’ailleurs, l’usage du condom n’est pas principalement relié au fait de rencontrer quelqu’un en ligne, mais concorde plutôt avec le degré de connaissance de l’autre. Les jeunes HARSAH affirment ainsi qu’ils vont davantage se protéger avec les hommes qu’ils rencontrent pour la première fois, tandis qu’ils seront moins portés à le faire avec des hommes qu’ils connaissent depuis plus longtemps. Ainsi, bien qu’Internet comble un besoin important relatif à l’éducation sur la santé sexuelle chez les jeunes HARSAH, cette étude démontre l’importance de poursuivre le déploiement de stratégies de communication via Internet pour la promotion de pratiques sexuelles sécuritaires.

À propos Elisabeth Brisset des Nos

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