Accueil » Boite à outils » Adapter le contenu santé en ligne afin de tenir compte des besoins des internautes selon leur âge

Adapter le contenu santé en ligne afin de tenir compte des besoins des internautes selon leur âge

La façon de rechercher de l’information sur la santé et ce que l’on en retire varieraient selon l’âge, selon Chin et al. (2012)[1] qui soulignent que les capacités cognitives des individus évoluent avec le temps. Cette recherche était menée auprès de 27 étudiants universitaires et de 20 personnes âgées de plus de 60 ans, qui devaient rechercher de l’information pour répondre à des questions portant sur la santé sur deux interfaces Web, proposant des liens vers des pages Internet, dans un cas, classées en fonction des  parties du corps, et dans l’autre selon les différents systèmes corporels (exemples : système circulatoire, système nerveux…). Les résultats démontraient que les participants les plus jeunes adoptaient une méthode de recherche en ligne beaucoup plus exploratoire (probablement grâce à leur capacité plus grande à traiter l’information) que le groupe plus âgé, qui avait de meilleures connaissances au niveau de la santé et menait sa recherche en moins de clics. Également, les auteurs rapportaient que la recommandation de différents liens aux utilisateurs avait permis aux deux groupes de participants de développer des connaissances sur le plan de la santé, mais aussi des connaissances sur les liens entre différents concepts médicaux.

Bien que les jeunes adultes aient une capacité plus grande à traiter l’information, des difficultés restent présentes lorsque vient le temps d’utiliser Internet en lien avec leur santé et surtout d’évaluer la qualité de l’information recueillie. Ainsi, dans la recherche de Horgan et Sweeney[2] réalisée auprès de 883 étudiants d’une université Irlandaise, certains participants rapportaient être ouverts à obtenir de l’information et du support sur Internet dans le domaine de la santé mentale, soulignant les avantages de la recherche en ligne : quantité d’information disponible, anonymat, confidentialité, intimité, facilité d’accès, et gain de temps. Mais d’autres jeunes adultes se questionnaient sur la fiabilité de l’information obtenue en ligne

Le groupe le plus inquiétant demeure cependant celui des adolescents qui sont de plus en plus nombreux à disposer d’un accès à Internet, aussi bien à la maison qu’à l’école. Ettel et al. (2012)[3] se sont questionnés sur les sources et les modalités de recherche d’information santé en ligne des élèves du secondaire, sur le degré de confiance envers l’information recueillie en ligne et l’influence de cette information sur les comportements. Leur étude, menée auprès de 497 adolescents d’une école secondaire privée et catholique (l’âge moyen n’est pas spécifié dans l’article) démontrait que 66 % d’entre eux avaient confiance dans l’information disponible en ligne et que 22% d’entre eux avaient changé certains de leurs comportements sur cette base. Ceci pourrait poser problème dans la mesure où les chercheurs se questionnent sur la capacité des adolescents à faire des recherches approfondies sur le web, et parce que de nombreuses pages relatives à la santé fiables (traitant notamment de sexualité) seraient bloquées du fait de la mise en place de systèmes de blocage de la pornographie en ligne, notamment en contexte scolaire, qui peuvent priver les adolescents de plusieurs sites intéressants. Par ailleurs, les adolescents avaient peu mobilisé les professionnels de la santé pour interpréter l’information recueillie (moins de 5% des participants de l’étude leur avaient envoyé des courriels) et s’étaient par contre plus largement tournés vers les professeurs (38% des jeunes avaient discuté de questions de santé avec leur professeur par courriel).

Compte tenu des caractéristiques des différents groupes d’internautes, les chercheurs de ces différentes études soulignent l’importance d’adapter les contenus et modalités de présentation de l’information en fonction des groupes d’âge, afin de répondre aux besoins des internautes. Cela pourrait par exemple passer par des interfaces qui aident les populations plus âgées à utiliser les connaissances qu’ils possèdent déjà tout en diminuant le recours au traitement de l’information et le temps de recherche[1]. Dans le cadre des jeunes, les chercheurs soulignent l’importance de favoriser l’implication en ligne des professionnels de la santé, qui pourraient devenir des guides efficaces et surs pour aider les jeunes à trier l’information recueillie sur Internet[3]. Ce contact avec les praticiens sur Internet pourrait par ailleurs favoriser l’accès hors ligne aux ressources de soins, notamment pour les garçons qui ne savent pas toujours vers quelles ressources se diriger en matière de santé.

Références:

[1] Chin, J., & Fu, W.T. (2012). Differences in exploratory learning from a health information website. CHI 2012, may 5-10, Austin, Texas, USA
[2] Horgan, A., & Sweeney (2010). Young students’ use of the Internet for mental health information and support. Journal of psychiatric and mental health nursing, 17, 117-123.
[3] Ettel, G., Nathanson, I., Ettel, D., Wilson, C., & Meola, P. (2012). How do adolescents access health information? And do the ask their physicians? The permanent Journal, 16(1), 35-38.

À propos Farah Jamal

2 plusieurs commentaires

  1. Nous vivons actuellement dans une société où la technologie de l’information occupe une place importante. Heureusement, les personnes âgées arrivent à suivre la tendance et il suffirait seulement de leur faciliter la tâche.

  2. Le resultat de l’étude portant sur le groupe des adolescents est effectivement inquietant; d’autant plus qu’ils n’ont pas verifier l’information aupres de leurs medecins

    Adapter les contenus et modalités de présentation de l’information en fonction des groupes d’âge semblent necessaires mais pas suffisante

    La prochaine generation de dossier medicaux personnels offrira, en fonction du profil medical et de la pathologie, des pointeurs internets vers des sites d’informations medicales, des documents d’informations medicales ou vers des reseaux sociaux de patients

    L’acte medical doit passer a un nouveau modele; au dela de la prescription de traitements classiques (medicaments, soins,…) l’acte medical doit integrer la recommandation d’informations medicales et de conseils sante (prescriptions d’informations santé), tout comme il doit integrer la prescription d’outils d’auto-mesures dont les resultats sont co-analysés par le medecin et le patients

    Philippe Galipon
    p.galipon@orange.fr
    Twitter: @p_galipon

Laisser une réponse

Votre adresse email ne sera pas publiéeLes champs requis sont surlignés *

*