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Les médias sociaux comme source d’information sur la santé ?

Une nouvelle étude américaine[1] signale le rôle important que jouent les médias sociaux dans la recherche d’information sur la santé, notamment pour les jeunes (18-24 ans). Elle montre aussi que ceux-ci seraient plus enclins à échanger avec d’autres sur leur santé via les plateformes du Web social.

Plusieurs enquêtes réalisées aux États-Unis signalent depuis quelques années que les médias sociaux, notamment les forums, Twitter et les sites de réseautage en ligne comme Facebook, sont de plus en plus utilisés par les individus pour obtenir de l’information sur la santé[2]. Sur les forums et les nombreux groupes Facebook consacrés à la santé, les individus peuvent s’entretenir avec d’autres personnes qui vivent des problématiques de santé similaires ou prennent soin de proches malades. Échanger avec des pairs est particulièrement apprécié parce que les informations obtenues sont très concrètes et donc plus accessibles et parce que les discussions abordent tant les dimensions médicales que sociales de la maladie : Comment vivre avec un proche atteint de la maladie d’Alzheimer ? Les médias sociaux constituent ainsi des espaces où trouver du support et où peuvent se développer des relations sociales.

Cette nouvelle étude du Health Research Institute, réalisée auprès de 1060 répondants américains  montre que les usages santé des médias sociaux sont variés[3]. L’utilisation des plateformes du Web2.0 vise surtout à obtenir des évaluations des services et des ressources de santé (42%), échanger avec des amis et l’entourage (32%), lire les expériences de pairs aux prises avec les mêmes problématiques (29%) et enfin, regarder des vidéos relatives à la santé mises en ligne par d’autres personnes (24%).

Jusqu’à présent les études soulignaient toutefois que la participation restait le plus souvent passive sur ces différentes plateformes, la grande majorité des internautes se contentant de lire les témoignages des autres[4]. Cette nouvelle étude met en évidence une volonté de contribution beaucoup plus importante : un quart  des répondants ayant déjà publié des informations relatives à la santé sur les médias sociaux. Ce constat concerne plus  particulièrement les jeunes (18-24 ans) se considérant en bonne santé, qui sont les plus susceptibles de partager des informations relatives à la santé avec d’autres personnes via les médias sociaux et de faire confiance aux informations recueillies par ces moyens (90% des 18-24 ans faisant confiance à l’information ainsi obtenue).

Par ailleurs, l’étude confirme l’impact de la fréquentation de ces espaces sur les pratiques de santé et la relation avec les soignants. Ainsi, un tiers des répondants déclaraient avoir utilisé les informations publiées par des pairs. Par ailleurs, un peu moins de la moitié des participants à l’éude déclaraient que les informations recueillies en ligne pourraient les inciter à solliciter une seconde opinion médicale (45%), les inspirer pour la gestion d’une maladie chronique ou l’adoption de nouvelles habitudes de vie (42%), les aider dans le choix d’une ressource de santé (médecin, établissement de santé) (41%), voire dans une moindre mesure, les amener à décider de prendre un médicament (34%).

Il serait très important d’obtenir des informations du même type concernant les internautes québécois. Par ailleurs, si les médias sociaux jouent un rôle plus marqué dans la diffusion de l’information relative à la santé, il est urgent que les institutions de soins, la santé publique et les soignants y soient plus présents, ce qui comme le souligne cette étude, constitue une attente des internautes. Pour le moment, c’est surtout l’industrie de la santé qui a investi les médias sociaux, à des fins de promotion commerciale.

 

Références

 
[1] Health Research Institute (2012). Social media “likes” healthcare:From marketing to social business, PricewaterhouseCoopers http://www.pwc.com/us/en/health-industries/publications/health-care-social-media.jhtml

 

[2] Chou, Wen-ying S., Hunt Y.M., Burke Beckjord, E, Moser, R.P, et Hesse, B.W. 2009. «Social media use in the United States : Implication for health communication». Journal of Medical Internet Research, vol. 11, no 4. En ligne <http://www.jmir.org/2009/4/e48/>. Fox S., Jones, S. 2009. The Social Life of Health Information. Pew Internet and American Life Project, Washington, D.C. Pew Research center. http://www.pewinternet.org/Reports/2009/8-The-Social-Life-of-Health-Information.aspx Sarasohn-Kahn, S. (2008). The Wisdom of Patients: Health Care Meets Online. Social Media, California, Calfornia Health Care Foundation. http://www.chcf.org/~/media/MEDIA%20LIBRARY%20Files/PDF/H/PDF%20HealthCareSocialMedia.pdf

 

[3] Health Research Institute (2012). Social media “likes” healthcare:From marketing to social business, PricewaterhouseCoopers, Tableau 3, p.11. http://www.pwc.com/us/en/health-industries/publications/health-care-social-media.jhtml

 

[4] Voir Romeyer, 2012 pour des données concernant les usagers du portail francophone Doctissimo Romeyer, H. (2012). La santé en ligne?: des enjeux au-delà de l’information. Communication  30(1). http://communication.revues.org/index2915.html Voir aussi l’enquête américaine Pew Internet (Fox et Jones, 2009) qui montre que seuls 6% des usagers des forums ou des babillards y ont publié un commentaire, une question ou une information relative à la santé. Fox S., Jones, S. 2009. The Social Life of Health Information. Pew Internet and American Life Project, Washington, D.C. Pew Research center. http://www.pewinternet.org/Reports/2009/8-The-Social-Life-of-Health-Information.aspx

À propos Christine Thoër

Christine Thoër est professeure au département de communication sociale et publique de l’Université du Québec à Montréal et directrice du Centre de recherche sur la communication et la santé (ComSanté). Elle travaille sur les usages d’Internet par la population et les soignants, les transformations de la communication soignant-soigné et les interventions en ligne de prévention/promotion de la santé.

6 plusieurs commentaires

  1. bonjour
    J’avais réalisé une étude en 2009 sur ce phénomène chez les médecins généralistes français. Elle montrait l’importance du groupe par rapport aux experts. http://dupagne.wordpress.com/article/fiabilite-des-sources-d-informations-3cicv6vyqos68-9/

  2. Merci de partager avec nous les résultats de votre étude. Différentes études en Amérique du Nord montrent également que les pairs constituent pour les médecins une source d’information très valorisée. Ces échanges se font via les médias sociaux qui sont propices à la diffusion et la construction des savoirs. L’information circule aussi largement via le courriel.Il serait intéressant de réaliser des études comparatives France-Québec.

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