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Un site Internet pour soutenir l’intervention auprès des militaires exposés à des traumatismes et leur famille

Joseph Ruzek et son équipe ont développé un site Internet afterdeployment.org destiné aux militaires américains ayant été exposés à des traumatismes en Iraq ou en Afghanistan ainsi qu’à leur famille et aux professionnels de santé qui les traitent.

Dans un article présentant le site afterdeployment.org,[1] les auteurs rapportent que les survivants de la guerre peuvent présenter différentes difficultés, allant de la dépression à l’hypertension en passant par le syndrome de stress post-traumatique, les difficultés de sommeil, les troubles alimentaires, ainsi que l’abus de substance et d’alcool. La prise en charge de ces personnes est rendue difficile par l’existence de plusieurs obstacles liés notamment, au manque de ressources, aux affectations multiples et de courte durée des militaires et à la stigmatisation de ceux qui consultent un professionnel en face à face.

L’utilisation d’Internet pour intervenir en santé mentale présente ainsi plusieurs avantages : confidentialité, limitation des déplacements et du transport, accès au traitement en tout temps, meilleur contrôle du moment et du lieu de traitement pour les  usagers, possibilité de traiter de nombreuses personnes en parallèle. De plus, les résultats des évaluations des interventions en ligne pour traiter des problématiques de santé mentale et notamment le stress post-traumatique  sont très encourageants, notamment lorsqu’elles sont intégrées dans la pratique de soins.

Le site afterdeployment.org a donc été mis en place pour aider les militaires qui vivent des problèmes de santé et qui ne sont pas dans un contexte favorable pour être traités de façon traditionnelle. Il est accessible aux militaires, à leur famille et aux intervenants qui travaillent auprès d’eux, et même à la population générale dans la mesure où les usagers n’ont pas besoin de créer un profil pour accéder aux différentes sections du site (ceci dans le but de protéger leur confidentialité). Au moment de la publication de l’article, près de 153 700 personnes avaient déjà accédé au site depuis sa mise en ligne en 2008, essentiellement dans un contexte de prise en charge personnelle.

En plus d’une liste de ressources, les militaires et leurs familles ont notamment accès à :

  • du contenu éducatif (vidéos, exercices et autres) portant sur 18 sujets différents (exemples : dépression, résilience, sommeil, stigmatisation, stress post-traumatique {ce sujet est celui qui obtient le plus de trafic sur le site})
  • des ateliers auto-administrés (exemples : relaxation musculaire, gestion du temps, hygiène du sommeil)
  • des questionnaires d’auto-évaluation portant sur différents thèmes (exemples : colère, consommation de drogue et d’alcool, optimisme, panique, résilience)

Le site vise aussi à soutenir le travail des professionnels qui interviennent auprès des survivants. Il permet de compléter le traitement en touchant à des difficultés « secondaires » (le sommeil chez quelqu’un souffrant d’un syndrome de stress post-traumatique), de renforcer l’intervention en cours à l’aide d’exercices ou d’évaluations, ou encore de traiter les patients directement et uniquement à l’aide du contenu disponible sur le site. Avant de décider de la façon dont le site peut être utilisé pour soutenir le travail du thérapeute, les auteurs insistent sur le fait que ceux-ci doivent évaluer le contexte de l’intervention afin de s’assurer que cette méthode convienne au patient. Il convient ainsi avant d’entamer une intervention par le biais d’Internet d’évaluer la sévérité de la problématique et des symptômes, la motivation et la confiance du militaire dans sa capacité à passer à travers ses difficultés, le soutien social, la capacité du client à s’engager dans des interventions de ce type dans le passé (Internet, livres, groupes de pairs), et les préférences du patient quant au type de traitement désiré.

Pour finir, les auteurs soulignent qu’en plus d’avoir accès à un ordinateur et à Internet, les thérapeutes doivent posséder certaines habiletés et connaissances afin d’utiliser afterdeployment.org notamment être familiers avec les méthodes d’évaluation standardisées et avec les principes de l’intervention cognitivo-comportementale, ainsi qu’avec les différentes problématiques vécues par les militaires au retour de la guerre. L’utilisation de ce site semble particulièrement intéressante dans certains contextes d’intervention, par exemple pour les intervenants qui interviennent à court terme puisque les patients peuvent faire des lectures, compléter des évaluations en encore participer aux ateliers entre deux séances de traitement.

Référence:

À propos Farah Jamal

Un commentaire

  1. Par le passé, j’ai eu l’opportunité de traiter des ex-militaires dans ma pratique. Il était évident que les conséquences du traumatisme de la guerre dépassaient largement ce que le public en apprend. Je me souviens de l’un qui avait quasiment tué son voisin pour une histoire d’arbustes dépassant une clôture. Cet homme avait une hypertension artérielle dangereuse et du fait de devoir inhiber “sa rage”, il avait beaucoup de difficulté à se contenir. Ma vision sur la santé mentale diffère de celle de plusieurs personnes. Un article sur mon blog pourrait vous intéresser: vision plus large de la santé mentale.

    Je vais prochainement écrire sur mon blog: http://aunomdelasante.blogspot.com

    sur le sujet de la santé mentale des militaires.

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