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Compte-rendu de séminaire – Témoigner sur les médias sociaux de son agression à caractère sexuel : expériences de femmes au Québec

Ce séminaire était présenté par : Chantal AurousseauChristine Thoër et Rym Benzaza, respectivement professeures au Département de communication sociale et publique de l'UQAM et candidate à la maîtrise en communication de l’UQAM et assistante de recherche à ComSanté ; Mélanie Sarroino, Agente de liaison et de promotion au Regroupement québécois des centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS) ; Tanya St-Jean, membre et fondatrice (Je suis indestructible); Lyne Kurtzman, agente de développement au Service aux collectivités de l’UQAM.

Date : Jeudi 30 mars 2017

Compte rendu du séminaire
La recherche, dont fait l’objet cette présentation, visait à documenter l’expérience du témoignage en ligne dans le contexte de l’augmentation de l’utilisation de plateformes en ligne pour témoigner d’agressions à caractère sexuel. Elle avait pour objectif de répondre aux questions suivantes : qu’est-ce que l’expérience de témoigner en ligne ? Qu’est-ce que ça apporte aux femmes ? Quelles pistes d’action permettraient de mieux intégrer l’expérience en ligne dans les interventions auprès des survivantes?

Cette recherche fait ressortir différents aspects liés à ce type de témoignages. Elle documente les contextes de production des témoignages et met en évidence les différentes significations que revêt pour les femmes la démarche du témoignage en ligne. Quelques pistes pour favoriser l'ajustement des services d'aide aux victimes à l'ère de la communication numérique sont présentées en conclusion.

Menée en collaboration avec le RQCALACS et le collectif Je suis indestructible, dans le cadre du Service aux collectivités de l’UQAM, cette recherche exploratoire s’appuie sur des entretiens semi-dirigés réalisés avec des femmes québécoises ayant témoigné sur différentes plateformes de médias sociaux de leur(s) agression(s) à caractère sexuel.

 

Quelques résultats de la recherche

Les différentes formes des témoignages

Les témoignages sont publiés sur une grande variété de plateformes et prennent des formes diverses (messages dans des forums, billets de blogues de longueurs variées, messages de 140 caractères sur Twitter, vidéos sur Youtube, etc.).

Les conditions de production du témoignage

Les femmes produisent généralement le témoignage de manière autonome. Elles sentent que ces formes de témoignage offrent un certain contrôle sur le discours produit : elles peuvent s’exprimer où et quand elles le veulent, ainsi qu’à leur rythme. Leurs témoignages ne sont pas nécessairement anonymes, la plupart des femmes rencontrées affirmaient un désir de revendiquer leur histoire.

Les significations sont multiples et varient selon plusieurs facteurs, par exemple : le contexte de l’agression, la nature du soutien de la part de l’entourage de la victime, le moment dans le parcours des femmes, etc.

Ces témoignages représentent, pour certaines, une manière de canaliser la souffrance et de libérer leur parole. Pour d’autres, cela consiste en un premier geste posé ou une première démarche de recherche d’aide. Certaines voient l’utilisation des médias sociaux comme un moyen sécuritaire de communiquer avec l’entourage ou de confronter un proche ou même un moyen de dénoncer l’agresseur. D’autres encore le font pour aider d’autres femmes ou pour se mobiliser au sein d’un mouvement collectif, etc.

Les conséquences du témoignage

Plusieurs conséquences sont liées au témoignage dont la plupart sont positives. Voici quelques-unes de celles mentionnées : gérer ou redéfinir les relations avec l’entourage, retrouver et organiser les fragments de la mémoire, progresser dans la reconstruction identitaire, etc. Dans le cadre de la recherche, les conséquences plus négatives étaient surtout associées aux dénonciations qui ciblent l’agresseur, en particulier dans des cercles sociaux communs à l’agresseur et à la victime.
 

Pistes pour l’accompagnement des personnes qui souhaitent livrer un témoignage en ligne

Les survivantes ont besoin de parler et les espaces en ligne offrent de nombreux avantages d’où l’importance de les intégrer dans la stratégie d’intervention. Pour les intervenants, il est alors important de connaître ces réseaux sociaux ainsi que les avantages et les risques qui sont associés à la publication de témoignages sur ces plateformes. Il est aussi important pour les organismes d’être visibles sur ces plateformes afin que les survivantes puissent y référer en cas de besoins.

Vous trouverez des exemples de projets proposant des plateformes en ligne pour accompagner le témoignage en ligne d’agressions à caractère sexuel à la  fin de la présentation.


Éléments abordés en discussion :

Les risques d’effets négatifs sont plus élevés lorsqu’il y a identification de l’agresseur que la victime ait choisi de l’identifier volontairement ou non. On souligne toutefois que malgré des réactions parfois négatives de l’entourage, la victime ne regrette généralement pas d’avoir livré son témoignage en ligne.

Les organismes s'interrogent sur l’utilisation du témoignage en ligne. Pourrait figurer parmi les services offerts,  celui de l’accompagnement du témoignage en ligne, par exemple sous forme d’atelier où seraient abordées les différentes facettes de cette pratique.

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À propos Élise Ducharme

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